Gentlemind - sleeve met twee boeken

Présentation de Gentlemind : New York, 1940. Navit, une jeune artiste sans le sou, hérite d'un magazine charmant, bien que quelque peu démodé, Gentlemind. En tant que femme piquante, intelligente et audacieuse, elle relève le défi fou de le transformer en un magazine moderne. Hantée par le souvenir de son amant disparu sur le front en Europe, elle doit faire face à la réalité d'une société américaine en plein âge d'or, mais résolument machiste... Un récit profondément émouvant, raconté sur trois décennies, du rêve américain pour les femmes ! L'illustrateur italien résidant en Belgique, Antonio Lapone, est un maître du style ligne claire. Issu du monde de la publicité, il a trouvé son inspiration chez Yves Chaland après avoir découvert ses albums de Freddy Lombard. Après plusieurs portfolios et d'autres albums non traduits, ceci est son premier album en néerlandais. Ses scénaristes espagnols sont également de bonnes personnes. Juan Díaz Canales est le scénariste de Blacksad et des nouvelles aventures de Corto Maltese. Il a écrit pour Jose Luis Munuera le diptyque Fraternity. Teresa Valero est connue pour la série Tovenarij, illustrée par Juanjo Guarnido (Blacksad, L'Or de l'Escroc).

Qui aurait cru ? Waldo Trigo, l'avocat retiré des affaires, est le fameux John Doe qui suscite tant de curiosité par son talent littéraire révélé dans le magazine Gentlemind. Pour maximiser ce succès, la propriétaire Gina Powell décide de tisser une histoire dans l'histoire. Cependant, le principal intéressé n'est pas d'accord et le fait savoir en prenant ses cliques et ses claques.

Fin de ce diptyque très intéressant, avec au programme : les revers de la réussite, les soubresauts de la politique internationale, les trahisons fatales, les conflits d'ego et les amours perdus. Les points forts de cette série sont nombreux et peuvent être résumés ainsi : une ampleur thématique maîtrisée et une ambiance sombre assez bien réussie. Le contexte politique, culturel et social est très présent en arrière-plan. Les personnages vieillissent au fil des pages dans ce scénario, avouons-le, exigeant, avec des ellipses et une alternance fréquente des points de focalisation sur les nombreux acteurs. De juin 1945 à décembre 1975, ce sont trente années d'évolution des États-Unis mais aussi de changement du monde vus à travers le prisme de Gentlemind. Juan Diaz Canales et Teresa Valero passent en revue le domaine de la presse écrite populaire en faisant le portrait d'une société en mutation, d'une époque mais, surtout, d'une femme moderne et libre.

Les dessins vintage très stylisés d'Antonio Lapone sont toujours aussi impressionnants : tout en angles, foisonnants et expressifs, notamment avec ces couvertures de magazines, ces silhouettes élégantes, les décors et costumes réalisés avec minutie, sans oublier les couleurs aux tons soutenus et contrastés qui donnent de l'éclat à chaque planche. Une réelle personnalité se dégage.

Une lecture riche et exigeante qui pourrait laisser certains lecteurs de côté. Pour les autres, c'est un vrai plaisir grâce à l'ambition du sujet, grandement renforcée par le traitement graphique original et osé.